le Grand Corbeau (Corvus Corax)

photos : Thor Hoc pour LADeL -droits réservés-

Description du Grand Corbeau

  

Il s’agit du plus grand des passereaux avec une envergure d’1m20 à 1m40
pour un poids adulte de 1 kilo à 1,5 kg. 

Son plumage est totalement noir avec des reflets bleutés.  Le bec est trapu, et sous la gorge les plumes peuvent parfois présenter un aspect « ébouriffé ».
En vol on remarque la forme cunéiforme de la queue.

Le cri du grand corbeau est profond avec une sonorité sourde très différente du corbeau freux ou de la corneille. Il utilise également un large éventail de vocalisations très variées lors des  interactions sociales.

A l’instar de tous les corvidés, il s’agit d’une espèce sociale.
Aussi peut-on croiser des groupes de plusieurs dizaines d’oiseaux, en général constitués principalement d’immatures.
Exceptionnellement, on peut observer des dortoirs rassemblant plusieurs centaines d’individus. Cette concentration est favorisée par une source d’alimentation localement abondante, et peut réunir des corbeaux vivant à plusieurs centaines de kilomètres alentour.
Ainsi, en décembre 2023, un remarquable rassemblement de grands corbeaux était probablement attribuable aux carcasses de sangliers laissés sur place par les chasseurs. *    

Particulièrement joueur, y compris à l’âge adulte, il se livre volontiers à des acrobaties, en vol ou au sol. Ainsi, il est l’un des rares corvidés à se suspendre ‘tête en bas’ lors de séances de jeux.
 Il pratique aussi chaque fois que possible le vol plané. En conditions favorables, les couples peuvent être observés portés par les courants thermiques au-dessus de leur territoire, comme le font les rapaces planeurs.


*  lire l’article sur Ornithomedia 


L’habitat du Grand Corbeau


L’aire de répartition des corax est la plus étendue parmi les espèces de la famille des corvidés.
Oiseaux sédentaires, la plupart des grands corbeaux se rencontrent dans les zones rupestres, les zones côtières ou les zones boisées, avec de grandes étendues adjacentes de milieux ouverts ou de plaines agricoles où se nourrir.

  Les grands corbeaux avaient quasiment disparus de France, victimes ces derniers siècles d’une chasse intensive qui a décimé les populations observables jusqu’alors. Bénéficiant dorénavant d’un statut de protection,
on observe leur retour significatif dans plusieurs régions.
Il sont dorénavant bien présents, dans les massifs montagneux
et commencent à reconquérir les plaines. 

               


La saison de reproduction

 

Le grand corbeau peut s’apparier à partir de 3 ans. Le couple est stable dans le temps et sur l’année.
Il est fidèle à son territoire de reproduction qui peut s’étendre sur plusieurs kilomètres carrés, dépendant de la richesse des ressources alimentaires disponibles dans la région. 

La parade nuptiale est particulièrement remarquable. L’oiseau se livre à des acrobaties aériennes et des comportements démontrant son ingéniosité et sa capacité à trouver de la nourriture.

Le couple ne produit qu’une nichée par an, si les conditions sont favorables.

Très prudent, voire farouche, il est difficile à observer et
très sensible aux dérangements lors de sa période de reproduction.
La territorialité est forte pendant la nidification et toute approche doit être absolument proscrite.

Le nid, qui est couramment réutilisé chaque année, est habituellement placé sur une saillie rocheuse, parfois dans un grand arbre. Évidemment de grande taille, il est facilement reconnaissable.
La forme est une coupe profonde faite de branches et de brindilles maintenues ensemble grâce à une couche interne de boue. L’intérieur est tapissé de matériaux plus doux tels que mousses ou laine et poils d’animaux.

La femelle pond 3 à 7 œufs d’un bleu-vert pâle, tachetés de brun. La ponte peut commencer dès février.
Elle couve seule, nourrie par le mâle. L’incubation dure 20 à 25 jours.
Les oisillons sont nourris par le couple parental, et sortent du nid 35 à 42 jours après l’éclosion. Ils restent à sa proximité immédiate jusqu’à l’âge de 5 à 7 semaines,
puis demeurent avec leurs parents six mois après l’envol initial avant de rejoindre les groupes d’immatures du secteur.

 


Biologie du Grand Corbeau



Le grand corbeau est un omnivore et principalement  un nécrophage opportuniste.
Nettoyeur de carcasses, il peut être observé aux côtés de vautours ou d’autres charognards, spécialement près de falaises ou de plateaux montagneux. 
Dans les pays où le loup est présent, le grand corbeau est connu pour sa stratégie tout à fait remarquable : il suit les meutes pour se nourrir des restes de leur chasse, à proximité des canidés.

Il chasse également lui-même des proies de petites tailles : petits invertébrés, sauterelles, amphibiens, rongeurs, reptiles, petits mammifères ou oiseaux, voire prédate des animaux de taille moyenne, si ceux-ci sont affaiblis.
Si ses préférences alimentaires sont carnées, il peut cependant consommer des ressources végétales (céréales, baies et fruits).

Il dissimule la nourriture en surplus dans des caches, en prenant soin d’agir hors de la vue des autres corbeaux. Il est d’ailleurs étudié par les chercheurs éthologues pour ses dispositions cognitives, notamment sur les stratégies utilisées qui laissent penser qu’il a conscience de l’autre, conscience de soi et la perception du temps. 

Il n’a que peu de prédateurs naturels : le hibou grand-duc  et les mustélidés ; et bien sûr la prédation exercée sur les juvéniles dans la période qui s’étend de la sortie du nid jusqu’à l’envol. Le dérangement par les activités ou la simple présence humaine est un facteur important d’échec des couvées.

         


Statut du Grand Corbeau en France

  Espèce protégée, préoccupation mineure, tendance des  effectifs en augmentation (source 2024  : UICN – Union Internationale pour la Conservation de la Nature)

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